Une fenêtre sur l'Afrique
Depuis 2005, les villes de Saint-Priest, Mühlheim-am-Mein, sa jumelle allemande, et Nouna au Burkina Faso, ont décidé de travailler ensemble dans le cadre de la coopération décentralisée. Ces relations se déroulent sous l'égide de Cités unies France (CUF) et SKEW-Inwent (Servicestelle Kommunen in der Einen Welt). Concrètement, cela se traduit aujourd'hui par un appui institutionnel à la mairie de Nouna et un soutien aux projets de gestion du territoire communal de Nouna.
"Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson", énonçait Confucius. Un adage qui résume le principe de la coopération décentralisée. Laquelle signe le rapprochement entre deux collectivités, l'une d'un pays riche, l'autre d'un pays en voie de développement, la première aidant la seconde à réaliser des projets profitant directement aux populations.
Le cas san-priot présente une originalité : c'est un ménage à trois entre Nouna au Burkina Faso, Saint-Priest et Mühlheim, notre jumelle allemande. Les deux villes européennes s'engagent à verser chacune 6 000 euros par an pendant deux ans puis 2500 euros par an pendant trois ans à cette région africaine afin qu'elle mène à bien certaines réalisations. En hiver 2005/06, un puits a été percé, alimentant en eau potable le village de Koussiri. Une équipe de maintenance a été créée avec pour objectif principal la réhabilitation de nombreux forages.
La région se situe en lisière du Mali, brûlée par le soleil, 45° à l'ombre un jour de juin où cet article a été réalisé. C'est un autre monde, sans électricité ni route goudronnée. Dans ce pays très pauvre, la population s'échine à travailler la terre pour se nourrir. "C'est une agriculture de subsistance dédiée à l'oignon, les haricots, le sorgho et les fruits qui veulent bien pousser dans ce sol aride", décrit Gérard Heinz, conseiller municipal délégué aux actions de coopération de la Ville de Saint-Priest. La coopération rencontre donc d'énormes besoins sur place.
Dans les années 80, Saint-Priest et Mühlheim s'étaient déjà associées dans une coopération avec San-Martin-de-Porres, située en périphérie de Lima, la capitale du Pérou. Une cuisine collective avait été construite dans un quartier défavorisé, permettant aux familles de préparer des plats chauds, dans de bonnes conditions d'hygiène et avec l'équipement nécessaire.
Dans le cas du Burkina Faso, la coopération décentralisée est née d'une rencontre : celle d'un ingénieur paysagiste allemand, Thorsten Ehmann, avec ce pays où il réalise son service civil. "La grande valeur du Burkina, ce sont les personnes qui l'habitent : ils adorent recevoir, inviter les étrangers, leur préparer de belles fêtes", raconte-t-il. "Malgré leurs conditions de vie, ils n'ont pas perdu l'espoir". Là-bas, il fait la connaissance de Rose-Marie Kempers, Allemande elle aussi et installée depuis 30 ans dans la région de Nouna.
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Ensemble, ils récoltent des fonds pour construire un centre d'alphabétisation pour adultes. Et ils identifient un gros manque : l'absence d'eau potable à Koussiri, village situé à 3 km de Nouna. Aussi les habitants sont-ils obligés d'aller chercher l'eau dans la ville voisine. "Ce sont surtout les femmes et les enfants qui font le trajet tous les jours à pied, portant les bidons sur leur tête", explique Gérard Heinz.
Le 1er acte de cette coopération est donc le percement d'un forage de 55 mètres. "Il a été réalisé à l'emplacement d'une ancienne source d'eau qui fonctionnait il y a très longtemps. La population s'était d'ailleurs installée autour", raconte Rose-Marie Kempers. Les travaux se sont terminés en décembre 2005, pour un coût de 7 000 euros. Il est déjà utilisé par les 7 000 personnes qui habitent aux alentours. "Ce puits, c'est une merveille, les analyses montrent que l'eau est pure. Les gens viennent en chercher toute la journée avec des jerricans. Nous avons réalisé un petit abri à côté, où ils peuvent se reposer".
Un comité de gestion a été créé sur place, regroupant des villageois. Ils ont décidé de rendre l'usage de l'eau payant – 200 francs CFA (30 centimes d'euros) par mois et par famille. Une somme modique qui permet néanmoins de payer l'entretien du puits et d'aider les enseignants de l'école primaire jusque là bénévoles. Un moyen de donner un coup de pouce au système éducatif.
Quelle sera la suite de cette coopération décentralisée ? "L'achat de matériels, de livres, de cahiers conçus au Burkina pour les enfants", prévoit Gérard Heinz. "La santé et l'autosuffisance alimentaire", retient Thorsten Ehmann. "La réparation d'autres puits car sur les 120 que compte la région, seule une vingtaine sont en état de fonctionnement", propose Rose-Marie Kempers.
Une certitude : les besoins ne manquent pas et ce sera aux populations de décider. "La volonté de la Ville, c'est de financer des projets permettant un développement de la région, pas de distribuer des aides en aveugle".