Mariame Fofana

Maire de la commune urbaine de Nouna au Burkina-Faso
(78 200 habitants)

Le travail d'un maire au Burkina Faso est-il équivalent à ce que nous connaissons en France ?

Je pense que tous les maires ont les mêmes activités : la gestion des personnels, les finances locales, le social. Nous avons un rôle dans l'éducation de base (école primaire) qui a été rétrocédée aux communes dans notre pays.

Quels sont les enjeux majeurs à Nouna ?

Tout est prioritaire ; mais notre problème le plus important est l'eau potable et l'assainissement. Lorsqu'on arrive à résoudre un tant soit peu cette question, on améliore la santé et l'éducation et à partir de là on peut penser au développement de la commune.

Justement, au niveau des infrastructures et des réseaux, quelle est la situation actuelle ?

Tout reste à faire. Nous avons un plan communal de développement, mais il n'est pas encore exécuté. Cela représente de grands moyens. Cela fait partie de nos préoccupations. Nous en avons justement parlé en Allemagne il y quelques temps entre les huit communes burkinabè engagées dans des projets de jumelage tripartite et les autres collectivités locales allemandes et françaises. Le thème commun qui va être travaillé touche particulièrement l'eau et l'assainissement.

Dans ce genre de projets, quelle est la place de l'État burkinabè ?

Nous avons des appuis de Ouagadougou. Mais, vous savez, nous sommes dans un processus de décentralisation intégrale. à partir de ce moment, l'État s'est désengagé de ce niveau de gestion. Cela fait appel à la "conscience" de la base, de chaque commune, pour qu'il y ait un investissement local dans ces questions, pour que chacun "mette la main à la pâte", pour que l'on arrive à un développement participatif.

Comment le projet de jumelage tripartite est-il arrivé à Nouna ?

Au départ, c'était vraiment sentimental. Il y a eu des personnes qui étaient très attachées à Nouna et notamment Rose-Marie Kempers, citoyenne allemande qui vit à Nouna depuis 1975. Tout est parti de là. Ensuite, Thorsten Ehmann et Gérard Heinz ont pris le relais. Lors de leur premier voyage, au lendemain de mon élection, sincèrement, je n'y croyais pas. C'était trop beau pour moi.

Pour que les San-Priots connaissent mieux votre commune, pourriez-vous nous parler de la vie quotidienne ?

Les activités à Nouna sont basées sur l'agriculture et l'élevage. Vous savez, nous, en Afrique, nous sommes naturels, agréables et spontanés et Nouna est un gros village. Il y a beaucoup de liens sociaux. Les mariages, les baptêmes ou les funérailles tiennent une place très importante. à tout moment, on partage des choses en groupe.

Vous parliez d'agriculture ; à ce sujet, nous avons appris qu'après les ravages de la désertification au Sahel, votre province a été touchée, comme beaucoup d'autres, par de très fortes inondations. Qu'en est-il ?

Effectivement, nous sommes très dépendants des conditions climatiques. L'an dernier, six villages de l'agglomération de Nouna ont été victimes d'inondations. Nous avons fait appel aux ONG et nous avons reçu des vivres et des vêtements pour soulager ces populations qui ont été privées de leurs habitations, de leurs champs… de tout, du jour au lendemain. Il y a eu des morts. Les autres habitants de notre commune urbaine ont fait preuve d'une grande solidarité à cette occasion.

On comprend d'autant plus l'importance des questions d'assainissement.

Tout à fait. Ceux qui sont venus nous voir savent que même la ville centre de Nouna n'a pas de caniveaux. Pendant la saison des pluies, l'eau stagne au niveau des mollets. Je me sens interpellée en permanence. Mais les investissements, même pour cette question de base, reviennent très chers et je n'ai pas honte de dire que la commune urbaine de Nouna – d'une superficie de 1 065 kilomètres carrés pour une population de 78 200 habitants – n'a qu'un budget de 60 millions de Francs CFA, soit 91 000 euros ! C'est donc très difficile.

Aujourd'hui, alors que vous êtes en visite officielle à Saint-Priest, quel regard portez-vous sur notre commune ?

Des impressions très positives. J'ai d'abord remarqué la propreté de la ville, bien que ce soit l'automne, avec les feuilles qui tombent des arbres. J'ai reçu un accueil très chaleureux à la gare TGV, qui s'est répété partout à Saint-Priest. Et puis il y a ce Château que j'ai visité pendant la Fête de la science et où j'ai vu ces enfants sérieux, devant leur microscope, avec des blouses ! On aurait dit de "grands intellectuels" et j'ai été impressionnée.